COMPRENDRE L'INSTRUMENT
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Le son musicala cinq propriétés essentielles : la tonalité, la durée, l’intensité, le timbre et la sonance. Ces aspects sont tous mesurables; donc, ils peuvent être étudiés scientifiquement.
La tonalité est l’aspect dont on discute le plus souvent. La fréquence des impulsions sonores à la source équivaut à la fréquence à laquelle les vagues sonores atteignent l’oreille. Ces fréquences sont interprétées par le cerveau en termes de tonalité. Par exemple, lorsqu’un instrument est accordé à la tonalité du LA concert international, la fréquence voyage à 440 vibrations à la seconde. Pythagore, ce fameux mathématicien, a découvert que si vous doublez cette vitesse, la tonalité sera exactement une octave plus haute. A l’inverse, si vous la diminuez de moitié, la tonalité sera une octave plus basse. La fréquence la plus basse reconnue par l’oreille est de 15 ou 16 vibrations à la seconde. Et, à son point le plus élevé, elle atteint 20 000 vibrations. Plusieurs animaux et insectes ont la capacité de percevoir des fréquences plus élevées. Au-delà de ces vitesses, on retrouve les sons ultrasoniques.
La durée du son est l’aspect le plus souvent tenu pour acquis. Sa signification est bien évidente : sans un sens discriminatif de la durée du son, un rythme approprié est impossible. Notre préoccupation première étant, pour l'instant, de produire un son, la musicalité est encore bien loin de notre centre d'intérêt.
L’intensité, L’intensité fait référence au niveau auquel l’équilibre du son est dérangé. À quelle intensité les molécules d’air sont-elles comprimées ? Jusqu’où les trombes oraculaires sont-elles rétractées ? Quel est le volume du son ? Les deux premières questions sont adressées directement en termes d’intensité ou d’amplitude. Dans le cas du volume, des facteurs subjectifs entrent en matière. Si nous augmentons l’intensité, nous augmentons le volume. Lors de la production d’un son qui est doux, l’efficacité de l’instrument vocal est réduite. Pour atteindre une qualité désirable, une plus grande efficacité et une plus grande connaissance de l’instrument sont nécessaires.
Le Timbre est la propriété du son qui exige une explication. Des synonymes seraient la qualité ou la couleur du son. Même si tous les instruments d’un orchestre jouent la même note, les couleurs sont très différentes. La différence est dans le timbre et aussi dans la sonance dont il sera question plus loin.
La voix humaine produit des timbres à résonance sympathique, ce qui veux dire que plusieurs fréquences se confondent pour créer la couleur particulière de son véhicule, soit le corps physique.
La sonance est une autre propriété du son. Quelques théoriciens ne reconnaissent pas cette caractéristique. Toutefois, certaines des idées qui font partie du concept de la sonance sont importantes. Lorsque nous écoutons une voix pour une longue période de temps, nous percevons ces fluctuations dans sa tonalité, sa durée, son timbre et son intensité. Ces changements sont ce que nous appelons la sonance. En d’autres mots, si un son a une durée, il aura une sonance. Il ne faut pas oublier que la sonance est strictement la propriété d’un son et non d’un bruit.
La résonance. Nous arrivons maintenant au terme le plus souvent utilisé de façon erronée pour décrire les qualités d’un timbre. Si nous aimons une voix, nous dirons "c’est une voix riche et résonante " qui veut dire "le timbre est riche". Nous souhaitons ajouter de la résonance lorsque nous parlons d'améliorer la qualité qui est plus souvent associée à la brillance et à l’éclat de la voix. On pourrait aussi vouloir parler de la profondeur et de la richesse du son, ce qui est tout-à-fait opposé à la résonance.
Pour le physicien, la résonance est la relation entre deux corps vibratoires sur une même tonalité. Lorsqu’un vibrateur cause la vibration en harmonie avec un autre vibrateur, le phénomène est appelé résonance. Il en existe deux types, soit la résonance sympathique et la résonance forcée. La résonance qu’on retrouve dans l’instrument vocal est du deuxième type, celui qui a un plus grand intérêt pour nous.
La respiration est bien sûr la pierre angulaire de l’instrument vocal. Un air bien contenu dans la partie inférieure des poumons est l’élément-clé d’un son stable et riche.
Le diaphragme est un grand muscle strié qui sépare le thorax de l'abdomen. Ce muscle digastrique à ventres opposés est constitué de deux hémicoupoles, droite et gauche, à convexité supérieure. Il est relié par une dépression fibreuse à concavité supérieure, soit le centre phrénique. Il est innervé par le nerf phrénique qui naît des racines cervicales C3, C4 et C5.
Le rôle physiologique du diaphragme dans la ventilation pulmonaire est fondamental. Il est le plus volumineux et le plus important des muscles inspiratoires : sa contraction, en créant une dépression dans la cavité thoracique, permet l'entrée d'air dans les voies respiratoires. A l’inverse, son relâchement permet l’expiration passive.
La contraction du diaphragme est périodique et automatique. Elle est contrôlée par les nerfs efférents du tronc cérébral. Chaque contraction du diaphragme initie un cycle respiratoire. La fréquence de sa contraction définit la fréquence respiratoire. Il est donc possible de modifier la fréquence de la contraction simplement par la volonté.
Le larynx, Organe de la phonation situé dans le cou entre le pharynx et la trachée, c’est-à-dire la partie supérieure des voies aériennes. La trachée est un conduit constitué d'une série de cartilages superposés permettant d'amener l'air oxygéné aux poumons et de rejeter le gaz carbonique. Le larynx permet la phonation, c'est-à-dire la production de sons par les organes vocaux.
Le larynx contient les cordes vocales ainsi que les fausses cordes situées au-dessus. Le larynx ou boîte vocale pivote vers l'avant et l'arrière très légèrement lorsque la tonalité monte ou descend. C'est pourquoi nous ressentons une légère pression lorsque la voix descend et un sens d'étirement lorsque la voix monte.
Appelés cordes vocales ou plis vocaux, ce sont les ligaments situés à l'intérieur de la boîte vocale ou, plus précisément, à l’intérieur du larynx. Selon le phénomène de Bernouilli, découvert dans les années ’60, ces plis sont attirés l’un vers l'autre pour faire vibrer l'air et le faire résonner contre les parois de nos murs résonateurs.
Nos cordes vocales, bien qu’elles nous semblent fragiles, sont très résistantes et ce, malgré l’abus qu’on puisse en faire, entre autres, lorsqu’on pousse un cri. De crier pendant quelques minutes est une chose - de crier en chantant pendant une soirée complète en est une autre. C’est alors qu’elles deviennent enflées et ne peuvent plus fermer correctement
C’est ce qu’on appelle perdre la voix. Par conséquent, elles forment des fentes qui se protègent par une couche rugueuse que l'on appelle la corne. Il se produit alors des nodules qui peuvent ruiner la carrière d’un chanteur. Il est essentiel de bien comprendre l'instrument vocal pour en maîtriser tous les aspects.
Du point de vue physiologique, les cordes vocales mesurent environ de 9 à 13 mm chez la femme, et entre 15 et 20 mm chez l'homme.
Le muscle principalement responsable de la respiration est le diaphragme dont nous avons parlé un peu plus haut.
Les autres muscles qui y jouent aussi un rôle sont situés entre les côtes (intercostaux) ou à partir du cou jusqu’aux côtes supérieures. Le diaphragme, les muscles intercostaux et un des muscles du cou appelé scalène entrent en action lors de la quasi-totalité des inspirations.
Si l’expansion des poumons nécessite des moyens supplémentaires, d’autres muscles du cou et des épaules sont « recrutés ». La respiration qui sollicite les épaules est la moins efficace pour le chanteur. Nous parlerons de ce sujet plus loin sous la rubrique Cours
Le muscle constricteur du pharynx est un muscle cervical. Il se divise en trois muscles distincts: inférieur, moyen et supérieur. Quand ces muscles se contractent, ils aident le bol alimentaire à avancer vers l'œsophage.
Pour le chanteur, cette région doit demeurer détendue, car chaque muscle de cette famille est attaché à la mâchoire, à la boîte vocale et au pharynx
Assis sur le souffle est une expression consacrée dans l’étude du chant. Les cordes vocales se mettent à vibrer avec l’action de l’air. Ces vibrations atteignent trois grandes régions de résonance: la parois du masque, de la tête et du torse, ce qui produit un son. Ce même son, soutenu et modulé, produit la voix chantée.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’air ne doit pas être poussé vers la boîte vocale et sortir du corps comme si on jouait de la trompette. Pour produire un son, l’air doit être retenu dans la partie inférieure du poumon et gardé sous pression. Ensuite, avec un sentiment d'ouverture et de plénitude, il doit être explusé subtilement vers le larynx de façon stable et contrôlée
Lorsque l’air est expulsé de façon explosive pendant la phonation, il est impossible de contrôler le volume ou d’atteindre des sonorités subtiles. Nous disons donc que le chanteur crie. Le danger d’endommager alors ses cordes vocales est très sérieux. Mais, lorsque l’air est retenu dans le bas du poumon, il se crée une pression qui servira de support ou de coussin au son. Ce coussin d’air devient alors le son.
L’air retenu le plus loin possible des cordes vocales permet à l’instrument ainsi qu'à tous les éléments autour tels le pharynx, la mâchoire, les épaules, le haut du torse et le cou d’être à l’abri des tensions. Vous comprendrez un peu mieux ce phénomène après avoir lu la rubrique Le coup de glotte.
Le défi est de détendre l’instrument tout en gardant la pression d’air stable. Pour ce faire, nous sollicitons le diaphragme à entraîner l’air environnant vers le bas, tout en sollicitant les muscles qui garderont les côtes ouvertes. Vous en découvrirez la méthode lors de nos cours.
La glotte est le nom donné à l’espace qui se situe entre les cordes vocales ou plis vocaux. L’expression coup de glotte est définie comme l’occlusive produite au niveau de la glotte par l’accolement des cordes vocales l’une contre l’autre. C’est l’initiation du son.
Il y a deux façons d’initier un son : la première est explosive, comparable à un toussotement. En initiant ce son, il se produit une tension importante sur la boîte vocale et sur les muscles périphériques. Cette tension est provoquée par la pression d’air retenue directement sous les plis vocaux et, plus souvent qu’autrement, contenu dans la région supérieure des épaules, tout près du larynx. Alors, si nous chantons des tonalités aigües et soutenues, la pression d’air frappe les cordes vocales avec violence. Cette violence peut créer de l’enflure et entraîner la perte de la voix. La mode actuelle d’initier une phrase musicale avec un craquement est l’exemple par excellence d’une méthode non-efficace pour produire un son. Une fois le son initié, il est difficile sinon impossible de le garder vibrant, libre et ouvert pour une sonorité stable..
La deuxième façon d’initier un son est silencieuse. Il suffit de créer une distance entre l’attaque et l’air. On parle souvent du « h » silencieux avant l’initiation du son, alors qu'il est initié avec beaucoup d’espace dans la trachée. L’impression en est une d’ouverture et de support sur le diaphragme. Le son doit être clair et précis, alors que tous les éléments qui entourent le larynx doivent être détendus et ouverts.
Un staccato bien exécuté est l’exercice parfait pour entraîner le coup de glotte de façon efficace. Cette deuxième méthode permet de produire un son à la fois détendu, structuré et stable.
Nous parlons d’une voix qui résonne bien lorsque la qualité de son timbre est riche. Trois espaces dans le corps humain contribuent à la couleur de la voix: la tête, le masque et le torse. L’étude des résonateurs est l’exploration, puis l’éveil de ces espaces vibrationnels qui représentent la signature sonore de chacun. Ils ajoutent également force, vitalité, beauté et caractère à la voix.
Le résonateur de tête est l’espace situé à partir de la voûte du palais jusqu'à l'arrière de la bouche, associé aux hautes fréquences. On peut le visualiser comme un grand ballon qui se gonfle et remplit le crâne et au-delà. Le palais souple est toujours en position soulevée, ce qui empêche le passage de l’air vers les cavités nasales tout en offrant une meilleure plateforme de résonance. Pour un son cristallin, la tête est un résonateur essentiel, toujours ouvert et vibrant à travers le registre complet.
Le masque est l’ensemble du visage. L’intérieur de la bouche, incluant les dents, la langue, le palais et l’espace derrière les yeux (pas les nasaux), ajoute à la voix sa qualité tranchante. Associé aux fréquences moyennes, il offre une présence fort honnête de la personnalité de l’artiste. Une voix bien résonante en masque facilite une prononciation claire.
Le torse complète la couleur de la voix avec ses sonorités chaudes associées aux basses fréquences. Chaque registre doit résonner de toutes ses couleurs incluant celle du torse. Nous ressentons ses vibrations sur le diaphragme et dans la cage thoracique. Il vibre par sympathie avec les fréquences basses du registre. Le placement ou la pose de la voix pop est dans le masque et doit demeurer à cet endroit. Le torse est ressenti comme le siège ou l'appui du son. Nous éveillons ce résonateur tout doucement et sans efforts avec les sons graves afin de profiter pleinement de toute sa richesse.
Le registre de la voix correspond à son étendue maximale vers le haut et vers le bas.
Que vous ayez une ou quatre octaves de registre, le passage des notes graves aux notes les plus aigües doit se faire avec agilité et souplesse en conservant une couleur uniforme.Le registre de la voix lié à ses résonateurs a souvent fait partie d’un débat dans l'étude du chant
En chant classique, on utilise une résonance mixte à plus haute teneur en tête et masque. La voix est posée ou placée dans la voute du palais, tout juste avant le palais souple. Tous les résonateurs vibrent et la voix s'appuie sur le torse pour lui donner stabilité et pouvoir.
En chant pop et jazz, nous utilisons une voix mixte en plus forte teneur en torse et masque, posée en masque, alors que le résonateur de tête est aussi très présent, voire essentiel.
Tous les styles de chant utilisent le même support d’air ainsi qu’une posture bien alignée.
La description Si vous soufflez dans un ballon et gardez le goulot ouvert, l’air s’échappe. Dans le cas de la production sonore, l’air ne doit pas s’échapper mais doit demeurer sous pression. La quantité d’air utilisée pour chanter est minime. C’est vraiment une buée d’air. Le son est suspendu dans l’air et vibre dans le corps. L’air
Vous vous demandez peut-être : Qu’en est-il d'une voix feutrée ? Eh bien oui, il est possible de produire un son chanté avec cette qualité, sans pour autant tout expulser l’air des poumons. Cette qualité du son, bien produite, utilise un débit d’air minimal.
Par contre, en vocalises, nous devons produire une tonalité claire et bien assise sur le souffle.
Vous êtes donc invité à explorer les 5 respirations ci-dessous.
La respiration par les épaules est la moins efficace pour conserver l’air stable et sous pression. Tout comme un coureur essoufflé, l'air s'échappe de manière explosive et rend la capacité de chanter bien difficile. Essayez-le! Le poids des épaules qui se soulèvent et retombent agit telle une pompe qui pousse l’air. Nous devons donc, comme nous l'avons vu plus tôt, développer une posture bien alignée, avec les épaules bien détendues.
L’appel à la respiration abdominale, une visualisation utilisée depuis toujours dans la pratique du yoga et de la détente, a pour but de diriger l’air vers les centres énergétiques inférieurs. Cette visualisation est très efficace pour la détente. Toutefois, il est absolument impossible de retenir l'air dans la partie inférieure des poumons lorsque les abdominaux sont relâchés, et encore moins de le stabiliser. Essayez-le !
LE SAUT DE L'ÉPIGASTRE L'épigastre est un muscle des parois abdominales qui se situe juste au-dessus du nombril. Souvent confondu avec la respiration abdominale, le saut de l'épigastre est ressenti beaucoup plus haut, directement sous le sternum. Je m'explique : l'air pénètre dans la partie inférieure des poumons, pousse sur le diaphragme qui, à son tour, repousse les viscères et provoque un relâchement, soit le saut de l'épigastre. Par exemple, en plaçant la main à plat sous le sternum, vous sentirez ce relâchement. C’est aussi un bon moyen de vérifier si l’air est bien assis dans la partie inférieure du poumon. Bien que le saut de l’épigastre soit efficace, il n’offre pas la sensation de plénitude recherchée.
LA RESPIRATION PAR LES COTES Le diaphragmeM se soulève et atteint son extension maximale lorsque nous vidons complètement l'air de nos poumons. Alors, le besoin d’air est grand. Pour attirer tout l’air environnant vers le bas des poumons, il ne reste qu’à laisser aller. Par conséquent le, diaphragme redescend rapidement telle une bande élastique tendue qu'on relâche.
Les côtes s’ouvrent donc pour recevoir tout cet air dans la partie inférieure des poumons. Cette façon de respirer, ou plutôt de laisser entrer l’air, est la plus efficace. L’étape suivante sera de retenir cet air et pour ce faire, nous solliciterons les abdominaux inférieurs afin de maintient les côtes ouvertes.
LA RESPIRATION PAR LE DOS, Cette respiration est une extension naturelle de la respiration costale. La grande quantité d’air attiré par le diaphragme, en plus d'être contenu dans la partie inférieure des poumons et des côtes, se diffuse aussi vers le dos. Le sentiment alors éprouvé en est un de plénitude.